les gays asiatiques, deux fois discriminés

La rédactionCultureGay lifeGay27 avril 2024344 VuesURL court

Jean-Baptiste Phou explore dans "La Peau hors du placard" la discrimination et le racisme latent en art et romance, un appel vibrant à déconstruire nos préjugés sociétaux.

Jean-Baptiste Phou, face à un échantillon représentatif de préjugés, affronte la difficulté des minorités ethniques à trouver une place dans le monde de l’art et de la romance. Loin d’être un cas isolé, cette expérience reflète un phénomène bien plus large, qui dépasse les frontières de ses expériences personnelles. Dans son ouvrage La Peau hors du placard, il tisse le récit de ses mésaventures personnelles avec une réflexion plus vaste sur la discrimination et le racisme latent dans la société contemporaine.

Le livre, publié aux éditions Seuil, propose un voyage introspectif à travers les différentes époques de la vie de l’artiste – des années bouillonnantes du Minitel jusqu’à l’ère des applications de rencontre modernes, telles que Grindr, qui modifient radicalement la manière dont les interactions sociales et romantiques se déroulent. Phou examine non seulement comment la discrimination se manifeste de manière flagrante, mais aussi comment elle s’insinue subtilement dans les interactions quotidiennes.

Plus précisément, dans la communauté gay, où la liberté et l’inclusivité devraient être des principes cardinaux, il met en lumière le paradoxe troublant de l’existence de préférences raciales exclusives, souvent déguisées en “préférences personnelles”. Ce faisant, il invite le lecteur à questionner si ces soi-disant préférences ne sont pas plutôt des manifestations d’un racisme peu affiché.

Les applications de rencontre elles-mêmes ne sont pas exemptes de critique. Avec la facilitation et normalisation de filtres ethniques, ces plateformes peuvent involontairement favoriser une forme de ségrégation sociale et renforcer les stéréotypes. L’exemple des couples mixtes abordé par Phou démontre avec acuité que même dans les relations où l’affection devrait primer, les stigmates relatifs à l’ethnicité persistent : les Asiatiques sont fréquemment catalogués comme étant « passifs » sur le plan sexuel et dépendants d’un point de vue matériel, témoignages de croyances stéréotypées bien ancrées.

Avec un style narratif qui oscille entre chronique personnelle et essai sociologique, La Peau hors du placard s’avère une lecture d’importance, offrant une perspective édifiante sur les questions de race, d’identité, et de sexualité au sein des dynamiques sociales modernes. Ce récit de 176 pages, au prix de 17,50 euros, est non seulement une fenêtre ouverte sur la vie d’une personne souvent marginalisée pour sa race et son orientation sexuelle, mais aussi un appel au dialogue et à la remise en question de nos préjugés et de nos interactions sociétales.

La communauté gay aurait-elle ainsi reproduit et amplifié jusqu’à l’absurde les codes de la domination patriarcale ? Sans doute, juge l’auteur, qui note que les relations entre hommes asiatiques y sont perçues comme « incestueuses », ou même… « lesbiennes » – ce terme étant entendu péjorativement.

« Brutalité, contrainte et risque »

Sans prétention sociologique, ce témoignage résonne particulièrement à l’heure du #metoogarçons, vague de dénonciation des violences sexuelles subies par les hommes. L’auteur dit ainsi avoir intégré malgré lui cette « culture du viol » associée à la « culture du sexe » dans le milieu gay : « Je trouvais des explications, des excuses, abaissais toujours un peu plus le seuil d’acceptabilité », raconte-t-il en évoquant notamment « un partenaire retirant le préservatif » à son insu. « Pour moi, la brutalité, la contrainte et le risque étaient inhérents à la condition gay », écrit Jean-Baptiste Phou.

Au-delà de ce sombre tableau, l’auteur évoque, plus succinctement, les vexations subies en tant que comédien, où les castings pour des rôles généralistes lui semblaient systématiquement fermés. « Je n’essayais même plus avec ceux qui ne cherchaient pas spécifiquement un Asiatique. Perte de temps. Perte d’énergie », se rappelle-t-il. Les acteurs sont-ils donc condamnés à n’être choisis que sur un critère ethnique ? Sans doute pas, note l’auteur : dans la comédie musicale The King and I, montée en 2014 au Théâtre du Châtelet, et à laquelle il a participé, Lambert Wilson semble n’avoir eu aucune difficulté à décrocher le rôle du roi de Siam.

Source : Le Monde

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